34. Moi + Toi

Monique Kronik

Je me souviendrai toute ma vie de ma première rencontre avec ce jeune homme qui était rentré par erreur dans la buanderie quand je m’y changeais, à l’occasion d’un job d’été d’agent hospitalier que nous faisions tous les deux. Nous sommes rapidement devenus amis, et ce qui a tout de suite forcé mon admiration, c’est son intelligence, son ouverture d’esprit et son appétit à vivre. Il aimait les Red Hot Chili Peppers, le sport, les concerts punks, La Souris Déglinguée, les Rita Mitsouko, les rencontres, la joie, rire. Il voulait être « un homme heureux » m’avait-il écrit un jour, comme dans la chanson de William Sheller. Il était en médecine et m’emmenait aux soirées étudiantes, où le mauvais punch coulait à flots. Nous en avons fait des concerts, des soirées folles, des voyages – Montréal, New York, Amsterdam –, des aventures improbables comme ce fameux jour où nous sommes allés voir Le Silence des Agneaux à la séance de minuit dans un cinéma d’Odéon, terrifiés.

Après une belle carrière dans la communication médicale, il est revenu au soin, et est désormais un éminent sexologue, qu’on croise souvent à la télé, à la radio ou dans la presse. Toujours passionnant et passionné – Kate Bush, San Francisco, Janis Joplin, Venise… – c’est mon meilleur ami et je suis extrêmement fière et heureuse de l’avoir à mes côtés. Il se bat tous les jours, via sa pratique ou les associations pour lesquelles il travaille, afin que les plus démunis accèdent à la santé sexuelle : les migrants, les personnes LGBTQI, les toxicomanes, les populations d’Afrique… C’est l’un des hommes les plus brillants, les plus drôles, les plus bienveillants, les plus attentifs aux autres que je connaisse.

Cet homme c’est vous, Doc Madrigal et vous avez ravi mon cœur depuis maintenant plus de 30 ans. Cette correspondance complice est sans doute le résultat de tout cela. Merci pour tout…

Suiv.